Uni-Vers

Pegi public intermédiaire

Poème

La voûte céleste qui me surplombe s’étire à l’infini et m’emprisonne par son silence définitif et ses révolutions impartiales ; le poids du sol, de sa glaise et des lombrics dans la froideur de la terre humide qui vous colle au visage et vous égratigne le corps.

En dessous grouillent les vers dans les labyrinthes. La vie fourmille dans son train-train quotidien. Comme un unique être, un uni-vers. Cela doit être long pour le millepatte de marcher pas à pas.
La rosée du matin et la pluie, la sueur des humains, absorbées couche par couche, et l’odeur argileuse, confèrent du caractère aux teintes brunes et mielleuses.
Une autre époque où tout s’écoule lentement.

Les racines puisent leur énergie ici, au sein de ce terrain revigorant.
Les insectes suivent les routes qu’elles construisent sans jamais avoir conscience de prendre de la hauteur.
De champignon en champignon, on fait le tour des couronnes jusqu’au règne végétal. Mais qui en est le monarque ? Tous grignotent et regorgent de nutriments.

La planète bleue paraît toujours plus belle vue d’en haut, mais qui a dit qu’il fallait voler ?
Contenir l’univers et occuper l’espace temps, le sentir se mouvoir sur son écorce.
Un abri, un coffre-fort. J’épouserai les rondeurs de la Terre, au plus près du ciel.
Mon enchevêtrement cotonneux servira de nid aux oiseaux et d’asile aux âmes qui se nicheront sur mes sommets. Les chenilles zigzageront entre mes pieds et s’accrocheront à mon tronc.

J’aimerais pousser pour que mes ramifications s’étendent partout, que mes racines touchent tout ce qui existe et que ma cime englobe le cosmos : non finie, en croissance perpétuelle, éternel recommencement, un déploiement sphérique, la forme la plus imparfaite et la plus incroyable. Un arbre, ce n’est pas droit. Cela penche toujours un peu la tête pour mieux regarder. Je grandirai, et comme un bébé, je m’émouvrai face à tant de richesse et d’abondance.

Je percevrai le monde comme un tout constant, et je me transformerai moi-même en mon propre tout,
entièrement bazardé.
Et si ce tout devient étriqué, alors je changerai encore de perspective.
Je l’étudierai par petits bouts, scène par scène, avec la curiosité d’un enfant, à la bonne échelle



Adelyx : écriture

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Illustration : Adelyx 2024

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