Profondeurs

Pegi Public Averti

Poème

J’ai avalé un cri
Je ne sais d’où ni comment
J’ai avalé un cri abyssale
Orbe cisaillé
balancé des berges inconnues
vers l’abîme acide
Tumultes cyanurés dont il n’émerge
Corps brume torture Tout reste tapis
Indifférence néfaste
Moulin à parole fouetté par le vent
Les températures baissent dans l’individualisme
La cocotte fume
laisse l’air libre Libre la fumée
qui sort de ces cordes
Il serre au cœur
étranglement
ombilical encore mais déjà prêt à rugir Contaminer les bronches d’échos
Le cri m’a absorbé Il grandit
Il grimpe se mue Il attaque
Dilatation buccale
agitation des balafres
Être trop jeune pour souffrir Mais trop mature pour sourire
Gazé craqué détraqué
fractales mandragores
angles tranchants
Le crâne se fend
Comme ils se fendent la gueule
Comme tu te fends le coeur
Comme tu feins ton sourire
Cela n’a pas de sens Saignez moi
Foetus Avorté
nourri au sein colérique
Poignée béante et méandres de mes bras
n’ont pour barreaux immaculés que
ce cri primaire bestial embryonnaire peut être
qui babille à chaque contraction de poitrine
Des coups encore des coups
Cogne bordel Condense tes muscles
Cicatrices artérielles équarries Rides factices qu’il creuse
Éloignement atone
vol plané fuite en avant

À présent je régurgite
Dioxyde de conneries
Choc ultime
L’étau est détruit
Mort subite
Colère colère
ma gorge me démange Elle me gratte
Je racle tout ce qui doit sortir Elle me brûle
Je veux cracher des flammes Tout défoncer
Mes dents serrées ne vont plus se rétracter
les gencives remontées prêtes à mordre à croquer
broyer les détritus qu’on m’envoie à la figure
Vider mes poumons Enfumer l’air
Faire trembler les cons Recracher leurs insinuations
Sortir de ma torpeur Rétorquer une défense
Hurler à la mort pour ne pas geindre à tort
Dignité se fait de tout sarcasme
La vérité rien que la vérité fâche
Mais qui est le plus énervé de nous deux
Des gifles se perdent mais c’est une révolution qu’il faudrait leur faire faire
Je n’ai besoin de personne encore moins de vos conseils désobligeants
Arrêtez de nous dénigrer Nous nous sommes assez tus
Je prends la parole et lève le glaive pour mes frères et sœurs
bâillonnés par vos normes vos dires vos maux Vos discours sont sales
Ils sont faux ils ne méritent pas leur prospérité Que la postérité les bannisse
Que je combatte vos valeurs vos fardeaux que vous nous imposez pour survivre
Je ne veux pas me laisser rouer de coups à surpasser ma résistance
Je ne veux pas être une rien dans votre monde injuste
où l’accomplissement n’est que bref Fruit et graine d’une destruction
Père du rare répit appelé retraite qui nous prépare à la mort



Adelyx : écriture

Tous droits réservés à Adelyx (2019).

Illustration : Adelyx 2024


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